A quoi sert un compresseur audio?
La compression audio est un effet de dynamique qui permet de contrôler l’amplitude d’un signal, c’est à dire de gérer les différences entre les sons les plus faibles et les sons les plus forts d’une source sonore. Cependant, il existe de nombreuses manières d’utiliser la compression : écraser la dynamique, changer le timbre, ou encore gonfler un son en faisant ressortir ses transitoires... Tout dépendra du compresseur qui est utilisé, mais aussi (et surtout) de la manière dont il est paramétré.
Comment fonctionne un compresseur audio?
Le compresseur audio a donc pour rôle de contrôler précisément, et automatiquement le volume d’une piste. Pour cela, il va s’assurer de réduire le gain du signal sonore dès que celui-ci dépassera un seuil défini. Les paramètres d’attack et de release permettent de définir les temps de réaction du compresseur. Enfin, le ratio et le knee définissent la force avec laquelle le compresseur va écraser le signal une fois le seuil dépassé.
Quels sont les types de compresseur audio?
Vous l’avez sûrement compris : La compression est l’un des éléments à maîtriser parfaitement pour performer en tant qu’ingénieur du son lors de sessions de mixage audio.
Il vous est certainement déjà arrivé de vouloir compresser une piste, ou un groupe sans pour autant savoir quel compresseur choisir parmi votre arsenal de plug-in.
En effet, il existe un grand nombre de technologies de compresseurs, chacunes possédant des caractéristiques qui leurs sont propres.
Bien qu’ils remplissent tous la même fonction, chaque compresseur analogique possède ses propres circuits. Chacun réagira donc différemment au signal audio qu’il perçoit, et chacun colorera le son d’une manière unique.
On peut donc se demander quel compresseur privilégier selon le contexte de son utilisation.
Tout d’abord, sachez qu’il existe 5 principales technologies de compression :
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VCA
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FET
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Opto
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Vari-Mu
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Pont de diode
Chacunes d’elles possédant ses avantages et ses inconvénients, il est important d’en saisir les caractéristiques afin de faire les bons choix en tant que mixeur.
Pas de console analogique dans votre home studio? Ni de rack rempli de matériel hardware? Aucun soucis : Vous trouverez tout type d’émulation pour sublimer votre mix chez les développeurs de plug ins tels que Waves, Slate Digital, Universal Audio, Softube, iZotope (entre autres…). Vous pourrez ensuite les insérer dans votre séquenceur favori (Ableton, Logic Pro Live, Pro Tools, FL Studio...etc).
On retrouve, plus ou moins fidèlement, les caractéristiques soniques d’une machine chez le plugin qui l’émule.
Pour comparer les différents types de compresseurs et afin de mettre en évidence les caractéristiques de chacun, je vais utiliser deux échantillons audio pour illustrer mon propos.
Une boucle de percussion, ainsi qu'un extrait d'acapella.
Voici ces 2 pistes sans traitement :
§ VCA § : (“Voltage Controlled Amplifier”)
Les compresseurs VCA sont les plus récents. Ils sont construits sur des circuits intégrés, et ont des temps de réaction relativement courts, ce qui les rend particulièrement efficaces et précis.
Ce sont les compresseurs les plus polyvalents, notamment grâce à leurs multiples réglages (attack, release, threshold, ratio, gain de sortie, et parfois knee) : tous paramétrables.
On les utilise aussi bien lors du mix que lors du mastering. Cette technologie est efficace pour quasiment toute tâche de compression dynamique.
Vous pouvez privilégier un compresseur VCA sur un BUS pour en “gluer” les différents éléments, et le rendre plus compacte. Vous gagnerez également en punch et en clarté.
Certains seront aussi pertinents sur des éléments rythmiques tels que le kick, la snare, et autres éléments percussifs.
Parmi les références des compresseurs à VCA, on peut citer l’API 2500, le DBX 160 ou encore le SSL G-Comp, tous reconnus par les plus grands ingénieurs du son.
Exemple :
Compression de notre Drum Loop avec l'émulation de l'API 2500 de chez Waves.
Voici les réglages utilisés. L'attaque longue permet de faire ressortir les transitoires des différents éléments percussifs, le release de 2ms permet de faire "groover" le relâchement de la compression. 4:1 est un ratio plutôt standard. Les pics de réductions de gain sont d'environ 6dBVU.
§ FET § : (“Field Effect Transistor”)
Ces compresseurs analogiques utilisent une technologie à transistors. Ils ont des temps de réaction encore plus courts que les VCA, et ont été conçus pour émuler le son d’une lampe.
Si vous cherchez simplement à atténuer les pics et à réduire l’amplitude du signal de manière transparente, vous pouvez oublier les compresseur de type FET.
De par leur réactivité et leur conception, ils colorent le son d’une manière très caractéristique.
Ne possédant généralement pas de réglage du niveau de seuil, le taux de compression dépend uniquement du niveau du signal d’entrée dans la machine.
Il sera pertinent d’utiliser les compresseurs à FET sur des voix, des batteries (grosse caisse, caisse claire), des basses, et même des guitares électriques, afin d’en faire ressortir les transitoires, pour obtenir un rendu plus agressif.
Vous pourrez aussi les utiliser en traitement parallèle, sur une bande de fréquences restreinte, avec une compression extrême, afin de le mixer avec le signal dry.
Le compresseur à FET le plus emblématique est sans aucun doute le 1176. Ce fameux modèle est l’un des plus copiés au monde, et vous trouverez aisément des émulations en plugins.
Exemples :
Compression de l'acapella avec l'émulation du 1176 de chez Waves.
Compression de notre Drum Loop avec l'émulation du 1176 de chez Waves.
Voici les réglages utilisés. Vous noterez que ce même plugin contient 2 différentes versions du 1176 : "Bluey" et "Blacky". Celles-ci possédant des caractéristiques soniques différentes.
§ OPTO § :
Le technologie des compresseurs optiques est basée sur une ampoule et une cellule photoélectrique. Comme pour les compresseurs à FET, le taux de compression variera en fonction du niveau d’entrée. Cependant, ces périphériques possèdent un ratio fixe, généralement de 3:1 (excepté pour certains qui possèdent le mode limiteur). Ces appareils vous offriront une compression très douce et molle, avec des temps d’attaque et de relâchement relativement lents.
Ils conviendront donc mieux aux signaux avec de moins forts transitoires : vocal ou instruments à cordes (guitare acoustique, violon...).
Ce type de compression apportera une chaleur agréable, facilement reconnaissable par tout audiophile.
Parmi les compresseurs optiques, vous retrouverez le plus emblématique de l’histoire de l’audio professionnel, présent dans tous les studios de musique à travers le monde : le LA-2A. Conçu en 1962, il fût le premier compresseur à utiliser une cellule photoélectrique pour contrôler la réduction du gain.
Sa version ultérieure le LA-3A, possède un caractère tonal différent, avec un temps de réponse plus rapide, et une distorsion harmonique subtile.
Exemples :
Compression de l'acapella avec l'émulation du LA-2A de chez Waves.
Les pics de réduction de gain sont ici d'environ 5dBVU.
Compression de notre Drum Loop avec l'émulation du LA-3A de chez Waves.
Le LA-3A est ici utilisé en mode "limiteur". Les pics de réduction de gain sont d'environ 4dBVU.
De manière générale, on utilise le gain de sortie pour faire correspondre les niveaux sonores de la piste avec et sans compression.
§ VARI-MU § :
Les compresseurs VARI-MU utilisent une technologie à tube dans le circuit de détection. Leur temps de déclenchement est plus lent que celui des types VCA ou FET.
L’attack et le release sont généralement contrôlables par un même potentiomètre nommé “constante de temps”.
Ces machines sont utilisables sur toute sorte de source sonore. Elles ajouteront du gras et de la profondeur à vos pistes, pour un rendu fluide et musical.
Un incontournable sur vos bus batterie (ou autre bus stereo), en insert ou en parallèle.
Parmi les classiques des compresseurs VARI-MU, on retrouve le FairChild 670 (dont les machines hardware se font très rares), ainsi que le fabuleux Manley Vari Mu.
Exemples :
Compression de l'acapella avec l'émulation du FairChild 670 de chez Waves.
Voici les réglages utilisés. Le canal gauche et le canal droit sont "linkés" afin d'y appliquer les même paramètres de compression. La réduction de gain oscille autour de 4dBVU.
Compression de notre Drum Loop avec l'émulation du FairChild670 de chez Waves.
Voici les réglages utilisés. Canaux L/R linkés. Pics de réduction de gain d'environ 5dBVU. La constante de temps paramétrée sur 3 était la plus adaptée pour ce cas.
§ PONT DE DIODE § :
Moins répandue, cette technologie a la particularité de gérer la plage dynamique du signal en utilisant des diodes. Celles-ci offrant au son de légères distorsions harmoniques, traduites par un son plus chaleureux ainsi qu’une coloration délicate. L’une des autres caractéristiques de ce type de compresseur est la fonction du release automatique : la machine adapte son temps de relâchement en fonction du signal d’entrée.
Le Neve 33609 est le compressor/limiteur à pont de diode le plus réputé de sa catégorie.
Ce type de périphérique est utilisable pour réaliser quasiment toute sorte de tâche de compression car il est car assez polyvalent : Traiter des pistes individuelles (de piano, de choeurs ou de cordes) afin de mettre en valeur leurs dynamiques, ou bien lier les différents éléments d’un bus stéréo.
En conclusion, aucune technologie n’est fondamentalement meilleure qu’une autre. Chacune possède ses caractéristiques, comprenant des qualités et des défauts. A vous de connaître et de maîtriser autant de compresseurs que possible, afin d’en tirer tous les bénéfices.
Oscar FAURE