Comment enregistrer un podcast ?
Comment enregistrer un podcast ?
Vous avez votre thème ? vous avez écrit votre premier épisode et vous brulez d’impatience pour vous mettre à l’ouvrage ? Il est temps de s’enregistrer !
Si vous ne savons pas comment procéder nous vous proposons quelques conseils sur le matériel à utiliser et la démarche à adopter.
Il y a plusieurs manières de procéder en fonction du type de format sur lequel vous allez travailler. Enregistrer une interview sur le terrain ne nécessite pas le même matériel que pour un podcast réalisé dans son home studio. Nous allons vous livrer quelques pistes pour s’y retrouver dans la gigantesque offre que proposent maintenant les constructeurs de matériel audio.
Pour commencer voici quelques notions de base sur le son et sur le trajet d’un signal audio dans une chaîne d’acquisition.
Un son c’est quoi ?
Un son c’est une onde acoustique audible dans l’air. Il est produit par la vibration d’un objet matériel comme d’un tambour, des cordes vocales ou la membrane d’un haut-parleur par exemple. L’air en contact avec cette source se met à vibrer et cette vibration est ensuite transmise aux molécules d’air voisines puis aux suivantes et ainsi de suite. Il est à noter que cette vibration se propage mais l’air ne se déplace pas. Le son n’est pas du vent.
Comment capter un son ?
Lorsque l’on entend un son, c’est que la propagation de l’onde créée par une source acoustique arrive jusqu’à nos oreilles. L’onde fait alors vibrer de petits os à l’intérieur de notre oreille et cette vibration va être interprétée par notre cerveau comme un son.
C’est le même mécanisme que l’on tente de reproduire avec du matériel d’enregistrement. Un microphone est donc une sorte d’oreille électronique. Il existe plusieurs technologies de microphone mais globalement elles fonctionnent toutes selon la même idée. Une pièce mécanique va être mise en vibration par une onde sonore et un circuit électrique va convertir cette vibration mécanique en signal électrique. Le signal créé va être représenté sous forme de tension électrique variable de l’ordre du millivolt. Ce niveau de tension est appeler niveau micro (ou mic level) ( illustration onde électrique).
Seulement voilà, un millivolt c’est très petit. Pour pouvoir traiter le signal sortant du microphone, il va falloir l’amplifier pour qu’il soit à peu près de l’ordre d’1 Volt. Ce niveau s’appelle le niveau Line (Line level) C’est pour cela que l’on branche en général son microphone à ce que l’on appelle un préamplificateur. Avec cette machine on va pouvoir régler le gain de que l’on souhaite apporter à notre signal pour qu’il soit à un niveau suffisant. Nous reviendrons par la suite sur la manière dont on règle le gain d’un micro lors d’un enregistrement.
A ce stade-là du trajet du signal on peut en théorie déjà l’écouter l’envoyant vers un ampli et des enceintes pour diffuser du son en live.
Comment enregistrer un son ?
On sait enregistrer du son sur un support depuis l’invention du phonographe par Thomas Edison en 1877. L’enregistrement consistait alors à capter une onde sonore à l’aide d’un pavillon métallique et à conduire la vibration jusqu’à une aiguille afin de graver un cylindre d’argile. Au fur et à mesure que les technologies ont évolué les supports ont changé. Jusqu’à l’arrivée des supports digitaux on retranscrivait directement un signal continu sur le support d’enregistrement (cylindre en argile, disque vinyle ou bande magnétique).
Avec l’arrivée des microprocesseurs on a trouvé le moyen de convertir une tension électrique en un code informatique composé de 1 et de 0. Pour cela on relève régulièrement la tension électrique du signal en entrée et on code à chaque fois la valeur sur un mot en binaire. La fréquence à la laquelle on effectue ces relevés est appelée fréquence d’échantillonnage et vaux en général 44,1 kHz (pour l’audio sur un CD par exemple) ou 48kHz (pour le son sur image). La taille du mot binaire est donnée en bits (nombre de 0 et de 1 dans un mot) et est appelée définition (16 bits pour un CD par exemple). Ce qu’il faut comprendre c’est que plus la définition et grande et plus on sera précis dans la mesure de la tension et plus la fréquence d’échantillonnage est grande et mieux on restituera l’évolution dans le temps d’un signal.
Le dispositif qui va permettre de convertir notre tension électrique en signal digitale s’appelle un convertisseur Analogique/Numérique (A/N). Il est souvent couplé avec un convertisseur Numérique/Analogique (N /A) qui permet de réaliser l’opération dans le sens inverse (pour envoyer le son de votre ordinateur dans vos enceintes par exemple).
Une fois notre signal électrique convertie en signal informatique on peut enfin l’envoyer vers notre ordinateur qui via un logiciel de traitement audio (aussi appelé DAW pour Digital Audio Workstation) va enregistrer notre son sur un disque dur.
Si tout cela et encore flou, voici un schéma récapitulant tout ce que nous venons de voir :
Qu’est-ce qu’une carte son ?
Maintenant que vous avez une vue globale du trajet du son vous comprendrez assez vite à quoi sert une carte son.
Une carte son est un appareil informatique qui en général regroupe plusieurs des éléments de la chaîne audio évoqués précédemment. Dans une carte son on va retrouver un ou plusieurs préamplificateurs et des convertisseurs A/N et N/A. Grosso modo une carte son va être l’interface entre votre micro, votre ordinateur et vos enceintes. Tous les ordinateurs possèdent déjà en générale une carte son interne pour écouter de la musique ou le son d’une vidéo et brancher un micro pour une visioconférence. Ce type de carte son est fait pour un usage « grand public » de l’audio et est rarement adapter pour enregistrer un son de qualité. C’est pourquoi on utilise en générale une carte son externe dont la qualité dépendra de la puissance et la précision de ses préamplis, de la qualité de ses convertisseurs et du nombre ainsi que du type d’entrées/sortie qu’il met à notre disposition.
Voilà donc quelques bases sur la manière dont fonctionne la captation du son dans le contexte d’un home-studio. Cette logique s’applique dans bien d’autres cas de figures, ce sont juste les appareils utilisés qui vont changer. Dans le cas d’un enregistrement sur le terrain, on utilisera un enregistreur numérique portable qui regroupera la plupart des éléments évoqués en une seule machine.
Une fois ces notions acquises, vous pouvez maintenant réfléchir au type de matériel dont vous aurez besoins en fonction du type de programme que vous souhaitez créer. L’établissement d’un cahier des charges définissant vos besoins et contraintes vous aidera à éviter les dépenses inutiles et à utiliser votre matériel de manière optimale.
Ne sous-estimez pas l’importance de la qualité de votre son dans la création de vos podcasts. Un son de qualité médiocre empêchera vos auditeurs d’apprécier un contenu à sa juste valeur. Il est donc nécessaire de disposer d’un certain nombre d’outils qui vous permettront d’avoir un rendu correct. Voici donc une liste de d’appareils que nous vous conseillons si vous débutez dans la réalisation de contenu audio.
Choisir un enregistreur numérique portable.
Un enregistreur numérique portable va vous permettre de réaliser des interviews « sur le terrain ». Cette solution est tout en un car elle peut contenir tous les éléments de la chaîne d’acquisition du son du microphone jusqu’au support d’enregistrement. Les microphones intégrés à ce type d’appareils sont souvent de qualité correct mais ont leur limites, Il est donc recommandé de faire particulièrement attention à l’environnement sonore dans lequel vous allez enregistrer. Un lieu trop bruyant nuira fortement à votre prise de son de même qu’un lieu très réverbérant. Vous pouvez également opter pour des enregistreurs qui disposent d’entrées supplémentaire pour y brancher des microphones spécifiques (micros cravate, micros à main etc)
Voici quelques références d’enregistreurs numériques portables courant dans le milieu du journalisme :
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ENP Tout en 1 |
ENP 1 ou 2 entrées micro |
Petit budget |
Tascam DR 05-X |
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Budget Pro |
Zoom H2n |
Zoom H4n |
Attention : Vous pouvez utiliser votre téléphone pour avoir une « prise de secours » d’un entretien. Mais cela doit rester une option de secours. Le micro d’un téléphone est en général de faible qualité (même pour un téléphone haut gamme).
Choisir son microphone
Un bon micro = un bon son. Cependant Il existe un très grand nombre de références de microphone avec leur particularité et leur utilité propre. Nous allons donc nous concentrer sur les plus adaptés à la captation de voix.
Il existe une large gamme de microphones dédiés aux podcasts. Ces microphones sont d'une qualité très variable en fonction des constructeurs et les gammes de prix vont d’une centaine d'euros à plus de mille euros. Il est donc important de bien définir ses besoins avant de se lancer dans l'achat de matériel et d'adapter votre budget en fonction de ceux-ci.
Voici les critères à prendre en compte lorsque l’on choisit un micro :
- La directivité : C’est la manière dont votre microphone va capter le son dans l’espace. Les plus utiles pour le podcast seront surtout la directivité cardioïde pour capter principalement ce qui se trouve en face du micro et la directivité omnidirectionnelle pour capter le son dans toutes les directions. Choisir la bonne directivité vous permet de maîtriser votre environnement sonore et d’éviter un maximum de sons parasites (un omnidirectionnel aura un son riche mais captera plus la réverbération d’une salle)
- La technologie de transduction : Il en existe principalement deux. D’abord la transduction dynamique pour laquelle les micros sont plus robustes et retranscrives mieux les basses fréquences mais demandent une grande préamplification. Et puis la transduction statique qui donnera un son plus riche et brillant mais qui donne des micros plus fragiles et plus sensibles (surtout aux bruits de contact) et qui nécessite une alimentation 48V (disponible sur la plupart des préamplis).
Voici quelques références de microphone que nous vous conseillons si vous débutez ou si vous cherchez à améliorer vos prises de son :
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Dynamique |
Condensateur |
Petit Budget |
Shure SM58 |
Behringer B1 |
Budget Pro |
ElectroVoice RE20 Shure SM7B |
Neumann BCM 104 |
Il existe quelques références de microphones USB disponibles sur le marché, ceci peut s’avérer être un bon choix car même ces micros sont plus chers ils évitent l’achat d’une carte son. Cependant cette solution ne sera adaptée qu’au cas de figure où vous êtes le seul intervenant.
Choisir sa carte son
Pour bien définir ses besoins avant de faire son choix il faut répondre à certaines questions. Est-ce que le type de micro que je vais utiliser nécessite un une préamplification particulière ? De combien d’entrées micros différentes ai-je besoin pour réaliser mon émission ? De quel espace je dispose ? etc
Dans le cas où vous n’avez pas besoin d’un grand nombre d’entrées nous vous conseillons de vous tourner vers des cartes sons disposant d’une ou deux entrées. Si vous avez besoin de plus de piste pour vos intervenants vous pouvez soit opter pour une carte son disposant d’un plus grand nombre d’entrées micro soit acquérir une table de mixage avec interface USB. C’est cette dernière option que nous vous conseillons pour sa souplesse. Vous pourrez ainsi adapter votre configuration au type de podcast que vous enregistrez. En outre vous pourrez ajuster le niveau de chaque micro et effectuer un traitement (type equalisation ) directement via la table de mixage et envoyer le mélange stéréo de toutes vos pistes vers votre ordinateur.
Voici donc quelques propositions de références de carte son et de table de mixage en adaptés à votre budget :
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Carte son 2 Entrées |
Tables de mixage 4 entrées |
Tables de mixage + de 4 entrées |
Petit budget |
Scarlett Solo 3rd Gen |
Behringer Xenyx 1204 USB |
Behringer Xenys X2442 USB |
Budget pro* |
Audient iD4 |
Mackie ProFX 16v3 |
Soundcraft Signature 12 MTK Mackie ProFX 16v3 |
*ce type de machine offre souvent des préamplis plus puissants et de meilleure qualité et sont plus adapté dans le cas où on travaille avec des micros dynamiques
Choisir son casque :
Se passer d’un casque pour la réalisation de votre podcast est difficile. Que ce soit pour un enregistrement ou pour une diffusion live de votre émission il sera votre outil principal pour le son de vos voix. Pour cela il est préférable de vous munir d’un casque fermé. Il vous permettra de faire un contrôle précis de votre voix en empêchant la reprise de votre retour par le micro. Disposer de plusieurs casques peut être nécessaire dans le cas où vous réalisez une émission en configuration plateau. Il faut que chaque intervenant puisse entendre le son de sa voix et surtout le retour général de votre enregistrement.
Un casque ouvert sera utile pour la phase de montage mixage. Ces casques ont une meilleure restitution des fréquences et sont moins fatiguant pour un usage sur le long terme.
Voici les casques que nous vous conseillons pour débuter :
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Casques fermés |
Casques ouverts |
Petit budget |
Audio-Technica ATH-M30 X |
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Budget Pro |
Beyerdynamics DT 770 Pro 250 Ohms |
Beyerdynamics DT 990 Pro |
Choisir ses enceintes
La réalisation de podcast ne nécessite pas forcément de disposer d’enceintes trop perfectionnée. Il faut tout même pour contrôler la qualité de votre mixage avec une paire d’enceintes de monitoring. Elles vous permettront d’entendre les plus gros défauts et les modifications à apporter votre mixage. De plus l’écoute à l’aide d’enceintes est moins fatigante pour les oreilles que l’écoute au casque et vous permet de travailler plus longtemps sur vos projets.
Une enceinte de monitoring sert à travailler le son de la manière la plus transparente possible. Les enceintes grands public ont une tendance à « colorer » le son en le rendant plus flatteur dans certaines bandes de fréquences. La qualité d’une enceinte va donc être mesurée par rapport à la largeur de la bande de fréquence qu’elle peut reproduire de manière fidèle et équilibrée. Il y a donc un compromis à rechercher entre le son que peut fournir une enceinte et le son dont on a besoin. En musique on aura tendance à rechercher un son très précis. Pour les besoins d’un podcast on peut se permettre de se tourner vers des enceintes de monitoring plus modeste compte tenu du fait qu’un podcast est le plus souvent écouté sur des enceintes grand public voir bas de gamme.
Voici notre sélection d’enceintes de monitoring pour débuter :
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Enceintes de monitoring |
Petit budget |
Presonus Eris E 3,5 |
Budget Pro |
Dynaudio BM5 MKIII |
Attention !
Avoir de bonnes enceintes ne suffit pas non plus pour avoir un bon son. Il faut les disposer correctement pour avoir un rendu stéréo le plus propre possible et au bon endroit pour éviter au maximum les interférences et les modes propres.
De plus il faut maîtriser l’acoustique de la pièce dans laquelle vous travaillez. Une pièce qui résonne trop avec beaucoup de réverbération n’est pas un bon endroit pour travailler le son. Vous pouvez adapter l’acoustique de votre pièce en cassant le parallélisme des murs avec une bibliothèque par exemple ou en disposant des matériaux absorbant à certains endroits (derrière vos enceintes par exemple).
Nous vous recommandons de lire attentivement la notice qui est fournie avec vos enceintes de monitoring. Elle donne souvent des conseils pour tirer le maximum de votre matériel. Si vous souhaitez en savoir plus sur comment optimiser l’acoustique de votre home-studio nous vous conseillons cet article qui passe en revu tout ce que vous devriez savoir.
Comment réaliser une bonne prise de son ?
Vous l’aurez compris dans le son c’est comme ailleurs, avoir les bons outils ne suffit pas à faire du bon travail. Voici quelques conseils pour réaliser vos prises de son chez vous ou à l’extérieur.
Maitrise de l’environnement sonore :
Il faut d’abord comprendre la chose suivante lorsque l’on réalise une prise de son. Si nos oreilles et notre cerveau ont capacité d’isoler naturellement une voix ou un son particulier dans un environnement sonore chargé, les micros eux captent absolument tout ce qu’ils sont en mesure de capter dans la limite de leurs caractéristiques et ceci sans distinction. Il faut donc lors d’une prise de son faire très attention aux sons environnants qui peuvent venir couvrir la source que l’on cherche à capter. Sinon la phase mixage peut vite devenir un cauchemar et des interviews entières peuvent devenir inexploitables.
Si vous êtes en mesure de choisir le lieu de votre prise de son, choisissez un lieu calme, en intérieur et peu réverbérant. Si vous enregistrez à l’extérieur, faites des repérages avec votre matériel et essayez de trouver l’endroit qui conviendrait le mieux. Mettez-vous le plus possible à l’abris du vent et des courant d’air. De même, les lieux réverbérant comme des grands halls sous un pont sont à éviter.
Si vous ne pouvez pas choisir le lieu dans lequel vous allez enregistrer il y a plusieurs solutions :
- Si vous disposez d’un micro avec une directivité omni (type micro reporter ou cravate). Placez le très près de votre source pour que le niveau sonore de celle-ci passe au-dessus du reste de l’environnement sonore.
- Disposer d’un microphone à directivité canon ou hyper cardioïde vous permet de resserrer la captation dans le champ visé. Cependant ils ne peuvent pas être manipulés à la main et il faut donc prévoir une perche et éventuellement une bonnette antivent car ces micros sont très sensibles. Malgré leur directivité il faudra aussi veiller à ne pas être trop loin de la source.
- Lors d’une prise surveillez ce qu’il se passe autour de vous. Par exemple, si un scooter passe juste à côté de vous pendant un microtrottoir n’hésitez pas à refaire votre prise en demandant à la personne de répéter sa réponse.
- Si votre équipement le permet, contrôlez ce que vous enregistrez avec un casque. Cela pourra vous permettre d’ajuster votre placement de micro et de détecter d’éventuels problèmes.
- Dans le cas d’une salle trop réverbérante vous pouvez tenter d’isoler la source avec des panneaux acoustiques mobiles ou en bricolant avec des manteaux ou des couvertures.
Réglage du gain à la prise :
Le réglage du gain est très important pour obtenir une prise de son de qualité.
Si votre gain est trop faible le niveau sonore de votre source sera trop près du niveau de bruit électronique (qui est souvent très bas) que génère tout appareil. La conséquence de ceci est que vous serez amené à augmenter très fortement le niveau de votre enregistrement lors du mixage et par la même vous augmenterez le niveau de bruit.
A l’inverse si votre gain est trop élevé, le son risque de saturer. Ceci arrive lorsqu’un signal sonore attend les limites de l’appareil sur lequel il est envoyé. La saturation crée une distorsion harmonique qui se manifeste par un son grésillant et dénaturé.
Il va donc falloir régler le gain afin que le son soit à un niveau nominal l’on parle normalement dans le micro. Ce niveau se situe en générale entre 12 et 20 db en dessous du niveau maximal sur un VU-mètre afin de garder de la marge en cas de besoin.
Pensez à surveiller vos niveaux pendant une prise pour vérifier que vous ne saturez pas. Si vous n’avez pas votre casque sur les oreilles un rapide coup d’œil sur votre VU-mètre vous indiquera si votre son sature.
Les plosives :
Un des problèmes les plus rencontrés lors de prises de son de voix est celui des plosives. Ce sont les artefacts générés par les sons en p-, q-, b- et t- qui créent des surpressions brutales sur la cellule d’un microphone placé dans l’axe de la bouche. Ce problème apparaît de manière plus ou moins forte d’une personne à une autre en fonction de la diction de chacun.
Il existe plusieurs manières de palier ce soucis :
- Si votre micro ou votre enregistreur dispose d’un filtre coupebas (ou passe haute), activez-le à 120 Hz. Ceci va filtrer les fréquences basses sans dénaturer la voix de l’interlocuteur et atténuer fortement les plosives.
- Vous pouvez désaxer légèrement le micro par rapport la bouche de la personne. Ainsi vous capterez le son de la voix sans que l’air qui sort de la bouche attaque directement le micro.
- Vous pouvez vous munir d’un filtre antipop. Ce type de dispositif est très efficace mais est plus adapté à un studio d’enregistrement. Autre inconvénient, les filtres anti-pop ont une tendance à étouffer légèrement les aigus à la prise.
- Si vous en avez la possibilité, utilisez un compresseur afin d’atténuer les pics de niveau non désirés. (voir article sur les compresseurs).
- Enfin les micros dynamiques sont plus à même de supporter les grosses surpressions. C’est la raison pour laquelle c’est souvent ce type de micros qu’on retrouve en radio ou dans le domaine du streaming.
Préparation :
Avant chaque interview et chaque plateau, pensez à vérifier votre matériel, les batteries, les cartes mémoires… En fonction d’où vous tournez il peut devenir très compliquer de trouver une carte mémoire ou une source de courant au dernier moment en cas d’oubli.
De plus entraînez vous avec votre matériel, préparez vos sessions d’interview à l’avance, essayez de prérégler votre appareil. De cette manière vous n’aurez pas trop à bidouiller devant la personne que vous interrogez et vous aurez les idées plus claires pour vous concentrer sur l’interview. Pensez à nommer vos enregistrements et à tenir un rapport de son dans lequel vous consignez toutes les prises que vous réalisez.
Connaitre votre matériel vous permettra de l’utiliser au maximum de ses capacités et de vous concentrer sur tous les autres aspects de votre création. Encore une fois, lire les notices et visionner des tutos sur youtube vous sera d’une aide précieuse.
D’un point de vue moins technique, préparez vos entretiens en rédigeant vos questionnaires à l’avance et en les envoyant à vos futurs interlocuteurs. Pensez aussi à jeter un dernier coup d’œil à votre revue de presse afin d’avoir les idées claires.
De la même manière, il vous faut prévoir à l’avance ce que vous allez enregistrer et la manière dont vous allez l’enregistrer. Pour cela il faut rédiger un découpage technique qui établira la structure et le contenu sonore de votre création minute par minute. Ainsi vous aurez une vue globale de la matière dont vous avez besoins.
Monter et mixer votre création :
Logiciel Reaper 6
Une fois que vous disposez de tout le matériel nécessaire pour enregistrer votre podcast il faut choisir le logiciel avec lequel vous allez enregistrer, monter et mixer votre émission. Parmi tous les logiciels professionnels disponibles sur le marché, nous vous conseillons de débuter avec Reaper. C’est un logiciel dont la licence est peu coûteuse et en essai illimité. Il est léger et peu gourmand en ressource processeur, si bien qu’il peut tourner sur tout type de configuration. Malgré sa légèreté il reste aussi puissant que d’autre logiciel professionnels payant et son interface souple permet de s’adapter à n’importe quel workflow. Enfin il dispose d’une communauté très active qui vous sera d’une grande aide si vous débutez.
Le but de cet article n’est pas de vous faire un tutoriel. Néanmoins, voici quelques notions générales qui vous aiderons à comprendre le fonctionnement d’un logiciel de son et quelques conseils pour bien démarrer.
Un DAW c’est quoi ?
Un DAW (Digital Audio Workstation) Est un logiciel informatique qui permet d’enregistrer et de traiter des flux audios sur un ordinateur. Il faut l’imaginer comme un studio virtuel dans lequel vous pouvez enregistrer, monter et mixer du son. L’avantage d’un DAW sur un studio « Hardware » c’est que l’on peut y avoir une infinité de pistes et de processeurs de traitement qu’on appelle plug-in. On peut y découper, recoller, supprimer, rembobiner, boucler et même créer un son en trois clics et surtout il nous permet de créer un rendu stéréo exploitable directement.
La compréhension d’un DAW passe forcément par la compréhension de sa philosophie et des particularités qu’il met à votre disposition. A vous de d’explorer ces possibilités et de voir ce qu’elles peuvent vous apporter dans vos créations.
L’enregistrement
La première chose à faire lorsque l'on se sert d"un DAW est de configurer ses entrées ainsi que ses sorties. De cette manière on va indiquer au logiciel où aller chercher les signaux entrant (ceux qui viennent de nos micros via les entrées de la carte son) et où envoyer le son traité par notre logiciel (vers nos enceintes via la sortie master de la carte son où vers d’autres sorties pour enregistrer sur bande magnétique par exemple).
Une fois nos entrées et sorties bien configurées nous pouvons assigner une piste de notre logiciel à une entrée micro.
Remarque : Lorsque vous régler le gain de votre préampli, assurez-vous que vos fader sont sur la position 0 dB. Un fader sert en général à ajuster le niveau d’une source dans un mix. Lorsqu’il est sur la position 0dB, cela ne veut pas dire que le niveau sonore est à 0 mais que le fader atténue de 0dB la source.
Un autre aspect important dans la manipulation d’un logiciel de traitement audio est la gestion de la data. Veillez à bien configurer l’endroit où vous allez enregistrer vos sessions et vos sons. De cette manière, vous vous y retrouverez plus facilement dans vos différents projets.
De la même manière, lorsque vous importez des fichiers audios à partir d’un enregistreur via une carte mémoire ou que vous souhaitez ajouter des sons que vous avez trouvé sur le net, pensez à bien tout rassembler dans un dossier avec un nom clairement identifiable. https://www.reaper.fm à l’aide de votre rapport son en réécoutant vos prises pour repérer et nommer les fichiers que vous allez utiliser dans votre production. Un bon classement de vos sons et l’archivage minutieux de vos projets vous fera gagnez un temps considérable à mesure que vos podcasts s’accumuleront.
Si vous enregistrez une émission de type direct avec une configuration plateau vous pouvez réaliser le mixage des voix des différents intervenants via votre table de mixage et enregistrer uniquement la sortie master de votre table. En supposant que vous gérez l’habillage sonore en direct, votre podcast sera quasiment prêt pour la diffusion.
Sinon créez une piste par microphone utilisé dans votre session en nommant chaque piste par la source qu’elle prend en charge. Cela peut être le nom de l’invité, la référence du micro etc. Si vous réalisez tout vos podcasts selon la même configuration, il peut être intéressant de vous créer un template de session avec vos pistes et vos routings déjà configurés. Vous n’aurez plus qu’à lancer l’enregistrement.
Le montage
Le montage d’une émission peut se réaliser en parallèle de l’enregistrement si votre structure et votre habillage est déjà clairement défini par exemple ou à posteriori. Cela va bien sûr dépendre des conditions dans lesquelles vous enregistrez et du temps dont vous disposez.
Le montage va consister à assembler vos sons en les découpant et en les recalant pour créer votre émission. Ce travail se rapproche énormément du montage d’un film. Il va donc falloir créer un rythme, et des transitions à l’aide en autre, de fondus et d’habillage sonore. Le fondu est un outil très important lorsque l’on fait du montage son. Il permet de rendre inaudibles les points de coupe que l’on va réaliser sur nos clips audios, ainsi on va pouvoir supprimer certains éléments (comme les « heuuuuuuu » par exemple) pour rendre un discours plus fluide et agréable à écouter. C’est lors de la phase de montage que l’on va se rendre compte de l’importance d’avoir des prises de son propres car elles sont plus facilement manipulables
Dans le cas d’un podcast, c’est bien entendu la voix qui doit être prioritaire sur le reste des éléments. Il faut que vos sons de voix soient intelligibles et donc qu’ils ne soient pas masqués par les autres sons. Les voix entre elles doivent aussi cohabiter et se chevaucher le moins possible. Construisez votre montage autours de vos voix en leur laissant l’espace nécessaire.
L’habillage sonore quant à, lui va nous permettre d’aérer le podcast, de lui donner une structure et un rythme global. Il faut le voir comme la ponctuation dans l’écriture radiophonique. Il faut bien sûr doser le nombre de sons rajoutés pour ne pas trop charger le paysage sonore.
L’usage de tapis (comprendre musiques de fond) et d’ambiances sonores permettent de donner une couleur spécifique au podcast et à accentuer le ton du discours. Un fond sonore doit apporter une teinte sans pour autant couvrir le reste des sons. C’est pour cette raison qu’on utilise généralement des musiques sans paroles et des ambiances peu chargée.
Remarque : Lors du montage veillez à ce qu’il n’y ai jamais de silence numérique sur toute la durée de votre création. Le silence numérique se manifeste lorsque la tête de lecture passe sur une zone vide. Dans ce cas le logiciel produit un silence qui donnera l’impression que la lecture s’est arrêtée. Pour contrer cela on peut soit avoir une ambiance ou un tapis sonore en fond soit enregistrer tout simplement le silence de la pièce dans laquelle vous enregistrez.
Encore une fois l’organisation est primordiale pour faire un bon montage. Il faut bien séparer chaque élément sur une piste propre que l’on aura nommé clairement. Dans le logiciel Reaper vous aurez la possibilité créer des dossiers de pistes. Ceci peut être très pratique pour séparer voix, bruitage, habillage, et ambiances. Une autre technique pour bien organiser votre session de travail consiste à mettre des couleurs sur vos pistes pour vous repérer plus facilement.
Apprendre les raccourcis clavier du logiciel que vous utilisez vous permettra également de travailler plus vite. Monter toutes vos émissions à la souris peut s’avérer très fastidieux. Reaper offre la possibilité de personnaliser intégralement l’interface. N’hésitez pas à profiter de cette fonctionnalité pour adapter le logiciel à votre workflow et à vos besoins.
Enfin pensez à faire des pauses pour reposer vos oreilles et pouvoir revenir sur votre travail avec les idées claires. Réécouter la même chose en boucle trop longtemps est fatiguant et vous risquez de passer à côté de certains détails.
Parenthèse sur les droits d'auteurs
Les podcasts comme toute création audiovisuelles sont soumis au code la propriété intellectuelle. Il faut donc faire très attention à la provenance des sons que vous décidez d'intégrer à vos créations car si ils ne vous appartiennent pas vous pouvez vous retrouver en conflit avec des ayants droit. Ceci concerne autant la musique que les sons d'ambiances, les extraits de films ou bien même des extraits d'autres émissions de radio.
Si vous n'utilisez que des sons que vous avez créé vous-même, tout est dans l'ordre est vous êtes bien l'auteur de l'ensemble du contenu.
Si vous demandez à un de vos amis d'écrire pour vous la musique de votre podcast, pensez à lui faire signer en contrat de cession de droit. Ce contrat est valable à partir du moment où et votre amis l'on signé.
Si vous souhaitez absolument utiliser un son appartenant déjà à un ayant droit, il vous faut alors réaliser une déclaration auprès de la société qui gère les droits pour le son en question (la SACEM pour la musique par exemple).
Enfin il existe toute une offre de sons libre de droits ou dépendant du label Creative Common dont l'usage et autorisé sous différentes conditions. C'est une bonne solution pour trouver des tapis et de la musique d'habillage gratuite.
Le mixage
Le mixage est l’étape finale de la réalisation de votre podcast. Il consiste à harmoniser le rendu final de votre projet.
Un projet contient un certain nombre de sons qui doivent réussir à cohabiter les uns avec les autres. Il s’agit donc de trouver un équilibre en termes de niveau sonore, de fréquences, et de placement dans l’espace stéréo entre les différentes sources.
Le montage contribue en soit à un certain équilibre de base en superposant le moins possible d’éléments et donnant une certaine musicalité à la production.
Le mixage va nous permettre de peaufiner le travail en agissant sur les sons eux-mêmes. Voici quelques aspects importants lorsque l’on souhaite mixer un contenu.
Le panning consiste à placer les sons dans le plan sonore de votre création. Pour un podcast classique la voix se situera au centre et sera entourée par les éléments d’habillage. C’est pour la fiction radiophonique ou la création sonore que l’on va plus s’intéresser au placement des sons dans un soucis de mis en scènes. Un dialogue peut être facilement mis en scène en plaçant un personnage à droite et l’autre à gauche. De même le point de vue de la narration peut être suggéré par le placement des sources.
L’équalisation sert à modifier ce que l’on appelle le spectre fréquentiel d’un son. On rappel que l’oreille humaine entend en général entre 20Hz (les basses) et 20000 Hz (les aigus). Chaque son possède son propre spectre. En fonction du type de son (voix, guitare, violon etc.) on va avoir des fréquences caractéristiques plus présentes que d’autres. Pour une voix parlée par exemple on se situera entre 150 Hz et 300 Hz. L’équalisation permet d’atténuer certaines fréquences parasites qui génèrent des sons désagréables comme les plosives par exemple. On aura aussi tendance dans un mix à atténuer les fréquences qui n’impactent ni l’intelligibilité ni la fidélité de la source pour laisser plus de place aux autres éléments. On peut aussi en profiter pour gonfler légèrement les fréquences caractéristiques de la source.
Remarque : Restez attentif aux modifications que vous apportez lors du mixage. Vous devez travailler avec vos oreilles et vous détacher le plus possible de l’écran pour comprendre ce que vous faites et ce que cela vous apporte.
La compression agit sur ce que l’on appelle la dynamique d’un son. La dynamique se défini par la différence entre le niveau le plus haut et le niveau le plus bas dans un son. Le niveau sonore du son de notre voix peut beaucoup varier en fonction de nos intonations et de notre position par rapport au microphone. C’est pour compenser ces variations de niveau que l’on va utiliser un compresseur. Comment cela fonctionne ? hé bien un compresseur va diminuer le niveau sonore d’une sur ce lorsque celle-ci attend un palier (threshold en anglais). On peut gérer le temps que va mettre cette atténuation à faire effet en réglant l’attaque, son intensité avec le ratio et le temps de release quelle va mettre à diminuer une fois que la source entrante est revenue en dessous du palier. Tout cela va permettre « d’écraser » la dynamique du son et en donnant un niveau sonore homogène et régulier.
Le De-esser est Un type particulier de compresseur qui va agir uniquement sur une bande fréquence spécifique du spectre. En général, un De-esser sert à atténuer les sifflantes, c’est à dires les sont aigus générés les sons en ch= ou se=.
Pour de plus amples explications sur la compression, rendez-vous sur notre article qui y est dédié sur le blog du studio C&P.
La réverbération : lorsqu’on émet un son dans l’air et que l’onde sonore rencontre une paroi, la paroi va se mettre à vibrer et l’onde sonore va être réfléchie. Cela va créer ce qu’on appel de la réverbération.
La gestion de la reverb est très importante dans un mix. Gardez en tête qu’il est plus facile d’en rajouter que d’en enlever. C’est pour cela qu’il faut disposer de prises qui intègrent le moins de réverbération possible car on peut vite se retrouver dans l’impossibilité camoufler un trop gros son de salle. Dans le cas d’un podcast classique une reverb courte et discrète va permettre de donner du corps et de la présence à une voix. Pour les fictions ou les créations sonores on va pourvoir jouer sur la distance dans le champ sonore des personnages et sur l’environnement dans lequel ils se trouvent (exemple : une grande et longue reverb pour une église, ou une reverb courte mais avec mais avec un predelay très présent dans une salle de bain).
Les plug ins : Dans un studio hardware, les éléments que nous avons cités avant (reverb, equalisation, compression …) se matérialisent par des machines par lesquelles on fait passer le son distribué par une console. Dans un DAW ces fonctionnalités se manifestent sous la forme de plug-ins. Ce sont des logiciels sous la forme de modules au format VST ou Audio Unit (sur MAC) que l’on peut insérer à volonté sur chacune de nos pistes. Il existe de plug-ins gratuits, d’autres payant et certains sont fournis avec le DAW en natif. Leur qualité est très variable mais la plupart du temps les plug-ins fournis avec le DAW sont de qualité correcte. Pour débuter nous vous conseillons d’apprendre d’abord à les maîtriser avant d’acheter autre chose. Cela vous permettra de comprendre les concepts que nous venons d’aborder et de définir vos réels besoins en matière de plug-in pour mixer vos créations.
Le mixage de votre podcast revêt une importance cruciale. Une émission mal mixée fera fuir la plupart des auditeurs. Si vous n’êtes pas très à l’aise avec tous les aspects techniques du mixage, n’abandonnez pas tout de suite. Une oreille ça s’entraîne et il existe une quantité phénoménale de ressources gratuites sur le net qui permettent de s’améliorer petit à petit. Enfin pour débuter nous vous conseillons de réaliser des montages peu chargés et avec des sons de base les plus propres possible. Dans ces conditions vous obtiendrez un résultat satisfaisant plus rapidement.
Voici un tutoriel que nous vous conseillons pour débiter avec Reaper. Entraînez vous dès maintenant à enregistrer, monter et mixer de petites séquences de son:
C’est la fin de la deuxième partie de ce dossier consacré à la création de podcasts. Dans la troisième et dernière partie nous discuterons des méthodes qui s’offrent à vous pour pour diffuser vos crétaions de manière optimale.
D'ici là portez vous bien et gardez les oreilles grandes ouvertes.
Florian DARD